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Elias Lavander - Not so Elder [Terminée]
Anarch accepté
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Elias Lavander
Elias Lavander
Image : Elias Lavander - Not so Elder [Terminée] Tumblr_inline_mlzsim7wEr1rl38iv
Messages : 20
Genre : Masculin
Age : 400 ans
chaine 1 : Elias Lavander - Not so Elder [Terminée] 180605115128603731
Race : Vampire
Existence : 1
Reputation : 1
Karma : 1
chaine 2 : Elias Lavander - Not so Elder [Terminée] 180605115128603731
Points : 0
Fiche : [url=#]test[/url]
Relations : [url=#]test[/url]
Discord : Blabla#6666
Elias Lavander
Elias Lavander
Mer 14 Nov - 20:32
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» Pseudo : Ici.
» Age : 21 ans
» Présence : 6 Sur 10.
» Comment avez vous connu le forum ? : Topsite
» Pourquoi vous être inscrits ? : Pour pratiquer le rp, majoritairement.
» Comment trouvez vous le forum ? : C'est rare de voir un forum Vampire avec des bases qui semblent relativement stables, donc je me suis dit que je viendrais voir à quoi tout ça ressemble de plus prés. Et le petit plus débile mais qui aide pas mal : j'aime pas les avatars réels, donc ça m'a aidé à me décider aussi.
» Une autre chose à dire ? : Je conseille de lire l'histoire avant le Physique/Psy
Elias Lavander
» Description du projet «
Elias n'est pas né Elias, pas plus qu'il n'a été étreint Elias. Avant Elias Lavander, il y en a eu d'autres, d'autres avec la même apparence, le même corps, la même âme.

Elias est né Piero Veneziano, courant 1600, entre les murs de la puissante Venise . Fort d'un tempérament rebelle, espiègle et émotif, ce fils d'artiste respecté et influent a connu une jeunesse relativement facile, malgré les tensions politiques et militaires qui se tramaient non loin tout autour de lui, dans les coulisses du pouvoir. D'aucuns l'appelaient prodige, d'autres impertinent. Il était les deux : il a hérité du talent artistique de son père, mais aussi du tempérament sulfureux de sa mère.

Ca, c'est sa première vie. Celle avant de se faire étreindre dés l'âge de dix-neuf ans, d'être embarqué de force dans les intrigues et instincts de l'existence Caïnite. Il a vu et vécu, comme tous ses confrères. Vu trop pour une seule paire d'yeux, vécu trop pour une seule vie. Alors il a oublié. S'est inventé une autre vie, un autre soi, a effacé sa mémoire. Il l'a fait une fois. Puis deux, puis quatre, puis huit. Pour oublier, pour supporter, pour ne pas se souvenir des êtres chers perdus par le temps, des traumas emmagasinés par les âges.

Et aujourd'hui, nous y voilà. Nous voilà à Elias, persuadé d'être ce nouveau né tout juste étreint, lâché dans la nature.
Petite chose insouciante, rebelle et espiègle. Comme Piero en son temps.
Age :400 ans
Sexe :Masculin
Clan :Malkavian
Groupe :Anarch
Tier fiche :Tier 2
Rang :/
Génération :Septième
Réputation :1000
Karma :50
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Description physique
Tout est question de point de vue. Tout particulièrement avec Elias.

De point de vue, et de motivation. Selon son envie, Elias pourra apparaître furtif, effacé, discret comme une ombre, ou au contraire omniprésent, imposant et impérieux. C'est là le propre de beaucoup de Vampires : pouvoir être une ombre, mais tout à la fois éblouir comme la lumière de l'astre solaire. Mais il faut bien parler en termes plus terre-à-terre, plus objectifs, oui ? Parlons, donc.

Parlons de ce corps. De la silhouette longiligne mais néanmoins athlétique du Vampire : celle qu'il hérite d'une jeunesse humaine passée tantôt au calme d'un atelier, tantôt aux rues bondées de Venise, à courir, farcer, escalader et enchaîner une pléthore de toutes ces petites plaisanteries enfantines qu'il a longtemps aimé concocter. L'effort s'est à l'époque invité entre ses moments plus calmes, et a marqué sur son sillage de quelques muscles bien présents, dessinés mais jamais trop développés, jamais conclus dans des galbes d'excès propres aux plus actifs. De ces longues jambes élancées à ces bras que l'on devine agile, en passant par le dessin de ses abdominaux, tout reste ordonné en un certain équilibre mis en valeur par la teinte laiteuse de sa peau couleur lune. Un teint qu'il doit à sa nature Vampirique, mais qu'il aime justifier par « on ne voit pas beaucoup le soleil, quand on travail dans le dessin ». Qui s'attarderait sur le sujet dirait que même ici, cette teinte de blanc a quelque chose de tout sauf naturel. Qu'elle transporte avec elle quelque chose d'à la fois mystérieux et... Attirant. Mais même ceux qui s'y attardent se contentent généralement de le penser, sans jamais l'exprimer.

En s'arrêtant sur son visage, on remarquera un faciès plutôt long, une peau lisse, sans imperfection et relief autre que des joues parfois un peu creusées, selon sa soif. Le nez grec, la bouche expressive, les traits de son visage de façon générale ont tôt fait de trahir ses sentiments pour peu qu'il ne fasse pas d'effort conscient pour les cacher. En remontant plus haut, l'on arrive jusqu'à ses yeux, deux perles forgées du noir d'un abysse sans fond. Loin des couleurs pimpantes de ceux qui captivent par leurs yeux bleus clair ou verts, les deux pupilles d'obscur ne manquent pas pour autant de fasciner : un océan noir où l'on irait bien se noyer.. si on l'ose. Son regard est de ceux qui peuvent avoir une intensité certaine : terrifiant d'intimidation, envoûtant de séduction, criant d'émotion... Peu importe le message à faire passer, souvent, lorsque le langage corporel le pousse à user de ses yeux, le message passe, sans gros souci. Plus haut, il y a les cheveux : de longues boucles de noir qui tombent en cascade jusque dans la nuque, entretenues sans abus.

Douce, mélodieuse, sa voix au naturel est de celles que l'on aime écouter, sans agressivité, pleine de mots parlés avec aisance. Lorsque l'émotion s'invite dans son discours, par contre, il arrive que la magie cesse, pour laisser place à une voix soit plus hésitante, soit plus ferme. Tout dépend du sentiment qui lui passe par la tête.

De façon générale, Elias a tendance à habiller son corps simplement, dans des tenues agréables mais pratique. Les nuances les plus sombre trouvent leur la place dans sa garde-robe, avec d'occasionnels flash de couleur au détour d'un t-shirt plus extravagant, d'une veste de marque ou deux... Au quotidien, il privilégiera ce style décontracté typé Jean chemise, t-shirt ou pull. En de plus grandes – et plus rares – occasions, il a l'habitude de sortir un costard-cravate de sa penderie.

Globalement, par son physique, parler et sa gestuelle, Elias possède un certain charisme teinté d'une nonchalance tranquille, remplacée par autre chose que lorsque la Bête se mêle à ses humeurs. Quand il est calme, tout dans ce qu'il donne à voir inspire une certaine tranquillité.

Pour autant... Est-ce bien de la tranquillité, ce qui se cache derrière ce masque de sourires et paroles de malice ?

Description mentale
Oui et non.

Sans surprise, la réponse à cette question ne peut ni être si simple, ni si unilatérale, lorsque l'on parle d'un Malkavien.

Par où commencer ? Par les bases, pour ensuite s'enfoncer dans les complexités tordues qu'il doit à son clan, certainement. Les bases, ce sont celles d'un homme sociable, quoiqu'un peu trop direct, espiègle, voire peut-être manipulateur par certains aspects. Généralement, sans grande malice ni dessein mauvais, plus par pure farce.
Généralement.

Passionné de dessin et d'art en général, familier à la culture pop et ses travers, il vit sa Non-vie sous les traits d'un jeune artiste décadent, dragueur et déluré. Sa mort n'a rien enlevé de son appétit charnel, et il n'est pas rare qu'il aille allier l'utile à l'agréable lorsqu'il doit chasser. Qu'est-ce qu'il déplore le plus, de son ancienne vie ? La nourriture, sans aucun doute. C'est ce qu'il vous dirait sans l'ombre d'une hésitation si vous lui posiez la question.

Du genre émotif, Elias est plus proche de sa Bête que la moyenne. Pas parce qu'il part plus souvent en frénésie, mais parce qu'il lutte plus férocement pour la comprendre, la museler. Avant même d'être Vampire, ses peurs étaient grandes, ses colères mémorables, et ses joies bruyantes. Le nouvel hôte qui s'est immiscé au coin de ses émotions entre temps n'a rien rendu facile.

D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Elias est le fils d'un illustrateur de bande-dessinée passionné et travailleur, et d'une mère au foyer volontaire au caractère bien trempé. Depuis, un accident de voiture les a emporté. Il l'a mal vécu, s'est perdu dans des travers sombres et dangereux, et eu de mauvaises, très mauvaises fréquentations. La drogue s'est invitée dans son quotidien, l'alcool est montée de quelques places dans le podium de ses intérêts, et la fin s'est lentement profilée au pas de sa porte. Heureusement qu'il a rencontré Sally. C'est elle qui l'a aidée à se remettre.

Vous voyez ? Tout ce paragraphe plus haut, c'est faux. Totalement faux. Définitivement, absolument, indubitablement faux. Sauf peut-être pour Sally, mais... C'est une autre histoire. Où est-ce que je vais avec ça ? Je vous explique une part majeur de ce pourquoi Elias est un Malkavien : Elias est un Malkavien parce qu'il n'est pas un Nouveau Né, qu'il a plus de quatre-cent ans, s'appelle Piero, et est née dans la splendide Venise de fin de Renaissance. Tout ça, c'est la vérité. Mais ce n'est pas Sa Vérité.

Piero n'a jamais complètement supporté certains aspect de la Non-Vie. Là où d'autres Vampires ont vite appris à se séparer du commun des mortels, adopter une certaine distance émotionnelle à leur propos, lui n'a jamais pu. Ses parents sont mort de vieillesse avant lui, ses amis d'enfance aussi, et même ses amis de la cinquantenaire. Quoiqu'on y fasse, quoiqu'on en dise, ils finissent tous par s'en aller, revenir au sablier, tandis que lui, lui et les siens, refusent de partir. Ils restent, en échange de leur humanité. Mais... Piero aimait être humain. C'est un homme émotif, impliqué émotionnellement, soucieux du sort des siens, sensible à ce qui leur arrive. Voir les gens partir à cause du temps, à cause de la Guerre, à cause des affaires Vampiriques, il n'a jamais supporté. Et un jour, un jour précis, après que la goûte de trop soit tombée, il n'a pas pu tenir.

Il a oublié. Oublié son centenaire d’existence, pour s'inventer une nouvelle vie, et une toute récente non-vie. Des souvenirs factices, fabriqués de toute pièce par son imaginaire, pour se projeter dans la peau d'un tout frais mordu Caïnite. Il l'a fait une fois, puis deux, puis bien d'autres. Lorsque événements traumatisants et multiples mort de proches se sont présentées au pas de sa porte, il a recommencé. Il a effacé, oublié, puis s'est souvenu une autre vie. Le cycle a continué, si bien qu'aujourd'hui, Piero est devenu Elias. Appelez ça un Syndrome de Peter Pan Vampirique poussé à l'extrême, si ça peut paraître une bonne image.

Et donc, Elias, persuadé d'avoir trente années de vie, est en fait un Vampire pluri-centenaire. Sans surprise, ses facultés et la puissance de son Sang peinent à étayersa version, mais il occulte ces détails, comme s'il refusait de les considérer. Il nie, oublie, refuse, comme il l'a fait avec ces événements oubliés. Par le passé, certains ont tentés de le raisonner. Aller à l'encontre de sa tare, lui dire qui il est, ce qu'il est. Au mieux, ils ont récoltés une Frénésie, des hurlements hystériques, un rejet violent. Au pire... Ils ont réussi. Partiellement. Lorsque l'on met Elias face à l'évidence de son âge réel, de son vécu véridique, il commence par nier simplement, un certain malaise naissant. Lorsqu'on insiste, qu'on présente des preuves, qu'on le lui répète, encore et encore... Il peut dérailler. Il lui est déjà arrivé de se rappeler, temporairement. De faire sauter les verrous qu'il a lui-même imposé à sa mémoire. Parfois d'une vie, parfois de plusieurs.
Toujours, sans exception, ça a mal tourné. Ce n'est pas pour rien qu'il veut oublier.

Quant à ses autres tares mentales ? Eh bien, on peut parler de cette compulsion, ce désir de toujours avoir quelqu'un de dépendant à soi. Qu'importe par quel biais, Elias trouve une rassurance certaine à l'idée d'être nécessaire à autrui. L'amour inconditionnel d'une goule paraît la plus évidente façon d'assouvir ce désir, mais la haine sans fin d'un ennemi coriace le stimule aussi. Le rapport n'a pas  à être positif, simplement à être présent. Une façon de se rassurer quant au fait d'être bien ancré dans ce monde, de ne pas... De ne pas lentement devenir comme ces Anciens impersonnels que l'on le connaît plus que de nom, plus que de légende, sans attaches ni liens au monde matériel.

Enfin, il y a sa conviction de boire un peu de ce que sont les gens, lorsqu'il consomme du sang. Il entend leur voix, parfois voit leurs vies. Selon sa propre conception, quelque chose à double tranchant : il aime en apprendre plus sur ses goules et partenaires... Bien moins sur ceux qu'une frénésie aveugle a vue exécutés.

Globalement, les folies du Malkavien convergent vers un sens commun : celui d'un jeune artiste vénitien qui, encore des siècles après son étreinte, vit toujours mal sa condition de Vampire. De bête immortelle, cette chose qui peut aimer, mais n'a pas le droit de mourir avec ceux qu'il aime. Pour autant, il n'a ni le courage ni l'envie de mettre fin à son existence. Alors... Il triche. Il triche, même si parfois, ses esquisses dessinent les formes d'une femme qui ressemble beaucoup à Maria, encore aujourd'hui. Regrets, colère, tristesse. Même inconsciemment, il regrette sa Maîtresse. Et lui en veut de s'être sacrifiée.

Est-ce qu'il s'acceptera tel qu'il est, un jour ? Rien n'est moins sûr.
Mais les parques savent tisser avec malice, par moments. Alors qui sait...

Histoire
Venise.

Venise, ville des arts, des plaisirs et des richesses, ville de puissance, d'influence, respectée et redoutée. Même au déclin de la renaissance, le joyau de cette époque brillait encore haut dans le ciel, malgré les épreuves et les coups durs qui survenaient ça et là.

Venise, ville de naissance. En cet an 1600, Piero est né.

Piero est né, fils de Paolo et Caterina, fils de la cité des doges. Son père, artiste influent et prisé par l’aristocratie vénitienne, sa mère, artisane dans le tissu. Dés son plus jeune age, le fils Veneziano était destiné à une existence placée sous le signe de l'art. Tous dans l'entourage du couple prédestinaient l'enfant à être le digne héritier de son père. Destin tracé, destin écrit. Au moins en partie.

Oui, en partie, Piero a répondu à ces attentes. Jeune, il a effectivement été cette graine d'artiste au talent inné. Ce que certains obtenaient par l'effort, il l'avait déjà dans le sang, et le perfectionnait au-delà de tout par la pratique. Un don, l'oeuvre des cieux, de la génétique, qu'importe : les faits sont là, et l'aubaine profitait à tous.

Seule légère ombre sur le tableau : celle de ce tempérament difficile, explosif, imprévisible. Dés l'âge de la puberté, il s'est révélé coureur de jupons, et avant ça encore, il a été l'enfant des quatre-cent coups, à enchaîner petites et grosses bêtises de marmot insouciant. Arrogant et fier, habile du pinceau mais aussi de ses mots, il a vite eu une tendance à user de sa verve pour contredire, argumenter et protester, plutôt que pour le reste. Pour ça, et pour charmer. Et parfois, pour négocier. Intelligent, sans aucun doute, il pouvait vite apprendre et vite assimiler, mais souvent, il a profité de ce trait pour échafauder des farces plutôt que pour innover.

"Bref, un jeune ahuri", vous aurait dit son père à l'époque, en un mélange d'exaspération et d'amusement.

Il a grandi comme ça, dépensant ses jeunes années sur les toiles de peinture, dans les draps de jeunes femmes, dans les rues à courir, dans les couloirs à parler et écouter. Toutes ses fréquentations n'étaient pas recommandables, toutes ses œuvres n'étaient pas catholiques. Pas plus que ses pratiques. En tout et pour tout, ce n'était pas une mauvaise graine, loin de là. Juste un jeune adulte un peu trop sûr de lui, un peu trop énergique, avec une simple maxime : profiter de la vie tant qu'elle est là.

Il aurait pu changer, avec le temps. Mais les choses se sont passées autrement.
"Profiter de la vie tant qu'elle est là", oui, et la vie s'est en-allée.

***

Les choses se sont faites lentement. Progressivement.
Minutieusement.

C'était une soirée comme il en a eu tant d'autres. Le nom de ses parents, le sien, et leur œuvre commune lui a permis très jeune d'avoir un certain réseau parmi les gens de pouvoir de Venise, des amis parmi les jeunes et moins jeunes de famille noble. Ainsi, c'était naturel de voir son nom apparaître sur la liste d'invités à la fête nocturne du Patricien Manolesso. C'était aussi une façon de représenter son père indisponible pour l'occasion.

Cette nuit-ci, Piero a conversé avec bien des gens, parfois connus d'avant, parfois non. Mondanités et démonstrations d'étiquette se sont suivies un moment, des regards se sont échangés. Ca et là, un compliment à l'artiste, un mot à passer au père, une commande pour le compte de la mère. Somme toute, oui, effectivement encore une fois : une soirée comme il en a eu tant d'autres.
A un, un seul et unique détail prés.

Non pas le genre de détail qui se cache au coin de la pièce, imperceptible, discret. Non. Plutôt une nuance, quelque chose de différent comparé aux autres fois où il s'est présenté à ces sauteries. Quelqu'un. Une nouvelle tête, jamais vue auparavant. Car pour sûr qu'il l'aurait remarquée, si cette silhouette avait déambulée parmi les convives en d'autres occasions.

Il l'a remarquée de loin, comme d'un autre monde. Bien d'autres se sont retournés sur son sillage, lorsqu'elle s'est présentée dans la salle de réception. Drapée dans une robe de grenat, c'était une femme... Etait-ce seulement une femme ? N'était-elle pas plus ? Souvent, les exagérations absurdes s'invitent aux lèvres baveuses des hommes sans mot, lorsqu'ils croisent une femme à la beauté désarmante. Or, ici, c'était une question légitime, tant elle avait quelque chose d'irréel. De sa peau immaculée couleur lune à ses belles courbes invitantes, jusqu'à son aura étrange en passant par ses yeux d'océan... Un océan où Piero n'a pas tardé à se perdre, d'ailleurs. Incapable de la quitter des yeux, de bouger, le jeune Vénitien se sent comme désarmé, ça alors qu'elle n'est même pas à ses côté, qu'elle est là-bas, une vingtaine de mètres plus loin à l'autre bout de la pièce, avec masse d'autres silhouettes entre elle et lui.
En temps normal, il n'aimerait pas cette sensation d'impuissance. Ici, il s'y complaît sans résistance.

Et lorsqu'elle approche lentement, le regard fixe vers le groupe où Piero discutait, il a ce quelque chose de panique qui s'invite dans ses battements de cœur. Là aussi normalement, il n'aimerait pas : lui qui maintient d'habitude une façade si composée en compagnie de la gente féminin. Bien sûr, il a déjà eu cet air un peu béat sur le visage en fixant une beauté fatale au loin... Mais là encore, c'était différent. Ici, il ne s'agit pas que d'un simple moment d'égarement alors que son regard glisse un peu trop longtemps sur quelqu'un d'autre... Ici, c'est plus que ça. Quoi, il ne sait pas encore. Mais plus.

Et lorsque le son de ses talons s'arrête, qu'elle est là, à quelques mètres de lui, il garde cet air désemparé. Si bien qu'il ne remarque même pas que tous les autres convives autour de lui son à peu de choses prés dans le même état. Un silence s'installe, personne n'osant lever la voix. Puis finalement, elle parle. Elle ensorcelle.

- Comptez-vous donc me présenter notre jeune ami, Monseigneur Manolesso?

A la droite de Piero, il y avait le Maître de maison. Il reste coït encore quelques secondes avant de réagir à la demande.

- P-pardonnez-moi, bien sûr Ma Dame. Il s'agit du jeune Piero Veneziano, fils de Paolo Veneziano.  Qu-
- Maria Grimani. Enchantée de faire votre connaissance.

Interrompu avant de pouvoir présenter la demoiselle, le Maître de maison ne s'en offusque pas et se met en retrait, en une déroutante preuve d'humilité pour un homme de son statut ici chez lui.

- J'ai entendu dire beaucoup de bien de vos œuvres et celles de votre père. J'ai même eu l'occasion d'en admirer une signée de votre main, et... Je dois bien avouer que vous êtes parvenus à piquer mon intérêt.

C'est ce qu'elle lui dit, alors que ses lèvres se fendent en un sourire que Piero prend bien trop de temps à apprécier. Comme médusé, il en aurait presque oublié le nom de la dame, si ses mots ne passaient pas à son oreille comme du miel. Un nom qui lui est familier, à vrai dire. Il la connaît pour être la femme d'un patricien de Gênes respecté, férue d'arts et peintures en tout genre. Relativement experte en la matière, son avis pèse un certain poids dans le milieu : ses mots font et défont des carrières, ce malgré la mentalité misogyne qui peut subsister parmi les gens d'art à l'époque. Il ne l'avait jamais vue, mais connaissait le nom. Désormais comprends-t-il peut-être mieux...

- Seriez-vous disposé à me montrer d'autres de vos toiles, plus tard ?
- Je, heu... Oui, bien sûr.
- Parfait. D'ici là, profitons donc des festivités de notre hôte.

Un premier contact, première requête, et lui qui a accepté, incapable de dire non. Ca paraît anodin, mais ces quelques interactions, banales et futiles, sont les premières pierres de l'édifice labyrinthique que deviendra la vie de Piero. La suite de cette soirée, elle n'importe que peu : la suite, c'est exactement ce que Maria à dit : des invités qui profitent de festivités. Elle sera restée prés de lui, d'eux, s’immisçant d'abord au petit groupe de bavards pour participer à la conversation. Toujours impérieuse, immanquable et somptueuse, mais au moins Piero a-t-il fini par réussir à reprendre son comportement naturel en sa présence, à peu de choses prés.

C'est ce soir-ci, que le jeu a commencé. Un jeu d'obsessions, d'énigmes et de mensonges. Puis de vérités.
Ce soir-ci, il s'en est longtemps plutôt bien rappelé. C'est la suite des événements qui a jetée un voile de flou sur sa mémoire.

***

Les jours sont passés.

Sans que Piero ne soit capable d'oublier Maria, les jours sont passés. Sans qu'il ne parvienne à expliquer cet intérêt non plus, d'ailleurs. Un mélange qui lui échappe, pour composer la formule de ce qui n'a cessé de l'obséder depuis ce soir-ci : elle. Sa beauté surhumaine, bien sûr, cet espèce de sensualité désarmante, mais... Mais autre chose. De la curiosité, quant à savoir pourquoi elle, elle s'intéresse à lui, à ses œuvres. De l'ambition, de se dire qu'elle pourrait faire beaucoup pour l'aider, avec quelques simples éloges glissés aux bonnes oreilles.
Mais... Mais autre chose, là encore.

Quelques jours plus tard, Maria finira par s'inviter dans l'atelier du jeune artiste, comme promis. Là, elle admirera les différentes œuvres, minutieusement. Puis elle parlera.

De sa voix de miel, elle tissera des mots susurrés, qui lentement, commenceront à former une trame dans l'esprit de l'artiste.
Il l'écoutera. Il ne serait plus capable de vous dire ses mots, tout ce dont il se rappelle, c'est qu'il voulait l'écouter. Qu'il voulait entendre le son de sa voix, écouter ses mots. Les avaler dans son crâne, les digérer. Qu'elle lui a parlée de ses peintures, et du sens caché qu'elle voit derrière. « Tu arrives à voir au-delà du mensonge, quand tu peins ». C'est les seuls mots dont il se souvient clairement. Elle a continuée. Elle a dit qu'elle pouvait l'aider. Il ne se rappelle plus pourquoi. Ses œuvres, sa carrière ? Pour voir plus loin ? Pour autre chose ? Non. Elle a juste dit qu'elle pouvait l'aider. Qu'il fallait juste qu'il se rappelle d'elle. Toujours. Elle continuera de lui parler de ce qu'elle perçoit de ses œuvres, et lentement, ça s'imprimera dans sa tête. Elle a raison.

Ils discuteront des heures durant. Les paroles de l'ensorceleuse iront peu à peu se graver dans sa cervelle, à la fois sibyllines et claires comme de l'eau de roche. Floues, mais inoubliables. Il n'est plus sûr, mais il pourrait jurer que sur la fin, elle les lui a murmurées jusqu'au creux de l'oreille. Puis, comme elle est venue, elle disparaîtra. Elle le laissera là, seul avec sa confusion et sa révélation. Son éveil léthargique, son entêtante obsession.

De cette seconde rencontre, il retire foule de choses :  mille et une questions, autant de réponses, et une envie plus pressante encore de percer le mystère de cette femme, et enfin de se l'accaparer. Son premier coup d’œil dans la Grande Toile, également.
Tout ça, et un goût de sang dans sa bouche. Il se rappelle de ça, aussi. Peut-être.

***

D'autres jours sont passés.

Depuis, une œuvre a pris place au centre de l'atelier du fils Veneziano : un portrait de Maria. Jours et nuit, il travaille sur la toile d'arrache-pied, presque hypnotisé. Et même alors que tout n'est qu'au stade d'esquisse, l'on peut remarquer quelques subtils changements dans son style, des détails bizarres, dérangeants, et des touches fantaisistes dans la représentation de la belle. De bien longues canines, une espèce d'aura de rouge autour d'elle, quasi imperceptible. Puis, en filigrane, visible qu'à l'oeil averti, une autre silhouette, plus subtile encore que l'aura. Un quelque chose de bestial, primal, qui se superpose à la représentation de Maria. A peine visible, et heureusement : déjà aussi subtil, cet ajout a tout de même quelque chose de... terrifiant.

Sa muse fera d'autres apparitions sur le lieu de travail de l'artiste. Au fil des jours, semaines et mois. et là aussi, ils parleront. Il se rappellera d'un air satisfait sur son visage alors qu'elle remarquera la toile. Quelque chose qui le rendra heureux. Il se rappellera recevoir ses félicitations, alors qu'elle relèvera les détails curieux de sa peinture. « Je t'avais dit que tu voyais au-delà », dira-t-elle. « Et je t'avais aussi dit que je t'aiderais ». Au fur et à mesure de ses allées et venues, l'artiste tombera un peu plus sous son joug. Peu à peu, leurs rapports se teinteront d'une proximité toujours plus grande. Plus intime. Souvenir d'une silhouette qui pose pour un peintre, d'un jeu de séduction glissé entre les mots d'énigme et d'art. Puis, au finir d'une pulsion qu'il n'a pas su refréner, souvenir de corps mêlés.

Il se rappellera de la main féminine à sa joue. Froide. Du goût de ses lèvres, de sa peau.

A la faveur de la nuit, non loin d'une ouverture vers le ciel et son astre pâle, les deux ont consumés le fruit d'un désir longtemps jugulé. Mais pas seulement. Là, sans prévenir, entre les plaisirs décadents de la jouissance humaine, une autre extase s'est glissée dans leur danse, plus sauvage, plus primale. Plus fatale.

Le goût de ses crocs. Là, à son cou vulnérable, Piero se fera mordre par sa muse, en pleine apothéose de leur acte. Une morsure ferme, forte, mais à la fois douce, un paradoxe incompréhensible. Mais surtout, un plaisir. Pas de la douleur, non, ça alors que l'homme sent le rouge de vie quitter son corps, ce n'est pas la douleur qui s'invite à ses sens, mais un plaisir encore supérieur à ceux du commun des mortels. Quelque chose d'addictif, de paralysant. Et donc en même temps, de terrifiant. Parce que par-delà cette l'obsession déraisonnée qu'il a voué de longs mois à la belle, par-delà ce qu'elle lui a appris, la place qu'elle a pris dans sa tête, dans sa vie, et encore au-dessus de cet indicible plaisir qui lui prend le corps... Il y a cette petite voix, ce murmure de lucidité qui trouve encore une maigre place dans son esprit. Savez-vous ce qu'elle lui dit à l'oreille, cette voix fluette ?

Elle est en train de te tuer.

Tout collé contre elle, soumis à ses sentiments et sensations, il sait tout de même au fond de lui ce qui est en train de se passer. Mais il ne peut rien y faire. Pire encore : ne veux rien y faire. Il laisse se poursuivre, en attend même plus, redemande de ce sursaut d'adrénaline qui lui parcoure les veines. Malgré le danger, malgré que sa raison lui dise qu'il est en train de lentement payer son ivresse de sa vie.

Plus tard, il comprendra. Il saura qu'il était une goule, soumis à sa Maîtresse, dépendant d'elle, de  son sang et de ses faveurs, détaché de sa raison, esclave de ses désirs et sentiments. Il saura que ce mélange d'envie et de peur est normal, car l’Étreinte est à la fois source de plaisir et annonciatrice de décès. Tout ça et bien plus encore, il l'apprendra lorsque sa Sire le lui enseignera.

Avant ça, il va mourir. Mourir, puis revivre peu après.
Et au réveil, il aura soif.

***

Ca lui prend la gorge, lui prend l'âme et la cervelle.
Il se réveille, sans être lui. Qui est-il ? Il ne le sait pas, ne veut pas le savoir. Il n'est pas même en état de se poser la question, pas en état de penser, plus simplement. Alors ce qu'il faut demander plutôt, c'est qu'est-il.

La réponse la plus correcte serait certainement quelque chose du goût de « une boule de fureur assoiffée de sang, un prédateur enragé ».

Comme n'importe quel autre Caïnite, Piero a commencé son existence avec une soif de Sang inextinguible. Lorsqu'il s'est réveillé, il était dans une pièce, quatre murs, des meubles... Il n'a jamais vraiment pu pousser l'analyse plus loin. Quatre murs, quelques meubles, et surtout, des silhouettes. Des gens qui se manifestent, non loin, parqués dans un coin, apeurés. Lui ne pense pas, ne voit pas. A travers les yeux d'une bête, ce ne sont pas des êtres humains, mais des proies. Des sacs de sang tout frais servis, prêts à remplir leur rôle dans la chaîne alimentaire.

Ainsi, il s'est jeté sur eux. Il y a eu des cris, des crocs, puis le bruit de la chair percée à jour. Et ensuite, le silence. Long, lourd, pesant silence. Lorsqu'il se lève quelques minutes plus tard, c'est au son des sanglots et des pleurs. Les siens.
Premières proies, premier repas. Premières vies arrachées au monde, et donc, premier trauma. Celui  d'entendre leurs voix. Voir leur vies, celles qu'il vient d'arracher.

Une porte s'ouvre dans son dos, laissant passer un mince filet de lumière. Il se retourne, puis aperçoit le visage de Maria, un air contrit sur son visage.

« Je suis désolée. Il fallait que tu t'habitues. »

Car elle aurait pu le nourrir autrement. Mais elle a décidée de l'enfermer dans la cave de sa demeure vénitienne avec quelques âmes innocentes jetées en pâture à sa Bête. Une façon brutale de lui faire comprendre ce qu'il, son nouveau monde. Non pas qu'elle aime ça, mais elle considère que c'est nécessaire.

Piero aurait pu lui en vouloir. Mais... Mais vraiment, il ne peut pas. Même après avoir appris que son amour pour elle est en partie surnaturel, factice, il n'a pas pu pour autant cesser de l'aimer, car c'est là la force du Lien de Sang. De la Vitae.

Deux termes parmi tant d'autres qu'il a dû apprendre. Bien assez tôt, Maria lui expliqua ce qu'il s'est passé, sa nouvelle existence. Cette fois-ci sans user de ses charmes et artifices surnaturel, ni parler en énigme, elle lui dira la plate et terre-à-terre vérité commune, celle conçue par tous Vampires. Elle lui dira qu'elle l'a étreint, et lui expliquera avoir vu quelque chose en lui. D'abord dans ses œuvres, puis après dans son âme. Qu'elle est venue vers lui parce qu'elle a pensée apercevoir quelque chose de prometteur dans ses peintures, qu'elle avait pu y lire des choses avec ses dons, puis qu'elle est restée par authentique affection pour le jeune Vénitien. Mais qu'elle s'en est voulue, de le subjuguer de la sorte, en faire un presque pantin. Enfin, elle avouera : Égoïste, elle a souhaité l'étreindre pour ne pas le perdre aux caprices du temps, de la mortalité. Ce n'est peut-être pas tout, mais c'est en tout cas tout ce qu'elle lui dira.

Là encore, il aurait pu lui en vouloir. Le priver de son humanité, de sa vie, et par extensions de ses proches, tout ça par caprice.... Mais là encore, il ne peut en réalité pas. Quelques soirs après son étreinte, là où ses parents s'inquiétaient pour leur fils disparu, il refit apparition dans la demeure familiale, de nuit, seulement pour leur annoncer son départ aux côtés de sa mécène, afin de poursuivre ses desseins et ambitions hors des murs de la cité. Ses parents auraient pu remarquer un changement chez lui, et s'étonner de ce revirement soudain. Et ils l'ont fait. Mais sans jamais avoir le luxe de le faire revenir sur sa décision. Il les a pris dans ses bras, puis leur a fait ses Adieux, cette nuit-ci, en promettant d'écrire.

Une autre poignée de nuits plus tard, lui et Maria entamaient leur départ pour Gênes.
Amour, regrets, colère, peur, curiosité et appréhension. Tout s'est chamboulé dans l'esprit du Nouveau-Né, tout l'a traversé, dans tous les ordres possibles. Il commençait déjà voir le monde différemment, à appréhender sa nature. Ce n'était que le début.

***

- Comptez-vous donc me présenter notre jeune amie, Monseigneur Chiavari ?

Il répète la phrase jadis adressée à son encontre, un certain sourire amusé sur le visage. Il est là, à cette fête où on l'a invité, face à son hôte et un groupe de convives. Au milieux d'eux, une ravissante jeune femme. Et comme avec Maria il y a maintenant des décennies de cela, tous le regardent sans parvenir à piper mot avec qu'il ne demande.
Piero a toujours l'air aussi jeune, mais il a désormais cent-vingt ans. Les périples, affres et plaisirs de la Non-Vie ont marqués sont vécu, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Et il peut à ce jour se vanter d'une place bien installée parmi les autorités Vampiriques de Gênes.

Bien assez tôt après son étreinte, les premières traces des tares propres au sang de Malkav se sont manifestées dans son comportement, notamment en une compulsion proche de ce qui a l'a lié lui et Maria : s'il maintient une façade de calme détaché, Piero ne s'est jamais totalement fait aux effets du temps qui passent, ceux-là même qui ont poussés sa Sire à l'étreindre. Peur de perdre le peu qu'il lui reste d'humain, peur de disparaître. Ainsi, un besoin s'est vite forgé : celui de s'accaparer de jeunes âmes mortelles pour les rendre émotionnellement dépendantes de lui. En permanence, où qu'il aille, il s'assure d'avoir au moins une personne dont il sûr de hanter les pensées. Pas par plaisir sadique, non, plutôt en une façon de se rassurer. Lorsque l'on traverse les âges, l'on finit par également avoir peur de ne rien laisser, d'être oublié. De disparaître. Piero aime penser qu'en étant omniprésente dans un esprit, on ne disparaît jamais totalement quoiqu'il arrive.

Ce besoin presque mégalomane s'est incrusté sous sa peau, ça et ses autres occasionnelles dédoublements de la personnalité, puis les voix qu'il entend lorsqu'il se nourrit. Tant de petites failles mentales qui rendent compte d'une difficulté à accepter sa nouvelle existence, sous ses airs décontracté.

Il tâche de ne rien montrer. Moins encore à cette Sire qui a elle aussi passée les ages, Dame influente parmi les Vampires de la cité de Gênes. Prisée pour ses dons de prophétie, respectée par les Toréadors pour sa grâce et ses goûts en art, elle a su faire une place confortable à occuper en ville pour son protégé. Leur chance conjointe est celle d'avoir des folies trop peu visibles, plutôt bien maîtrisées. Ainsi leurs rapports avec les autres clans ne sont pas trop faussés, malgré la réputation des Fous.

Quant à leurs rapports à eux deux, ils ont gagnés en complexité au fil des âges. Piero lui est reconnaissant, car elle est celle qui lui a permis de tenir bon à la mort de ses parents, lorsqu'il s'est confronté à la dure réalité du temps qui passe. Celle qui l'a aidée à s'en sortir, à survivre, à transcender les âges. Piero l'aime, comme un amant, mais aussi comme un fils, en cet espèce de mélange improbable que le lien de sang a imprimé à son cœur. Mais... Piero lui en veut aussi, de l'avoir privé de son humanité. De l'avoir forcé à boire ces gens, la première nuit, de l'avoir amenée dans son monde de force. Pour ça, il la hais. Passionnelle à travers les décennies, leur relation a été celle de baisers fougueux, de sincères marque d'affection et respect, mais aussi de conflits, voix haussées et crocs sortis. En ça, quoiqu'il en dise, Maria est personne la plus importante de sa longue vie. Celle qui l'a créé, mais aussi détruit. Celle qui lui a volée le soleil pour lui promettre une éternelle nuit.

Elle l'a privé de ses repères, mais s'est improvisée phare pour le guider dans la nuit sombre, pour empêcher qu'il se noie dans les Ténèbres.
Tôt ou tard, tous les phares finissent par s'éteindre.

***

Parce qu'ils craignent.
Eux là, dans les rues, dans le monde, ceux qui ne voient pas, ne comprennent pas. La masse endormie, la mélasse. Ils ont peur de ce qu'il ne parviennent pas à assimiler. Rares sont ceux à apprendre, et ceux qui apprennent refusent d'accepter, souvent. Par morale chrétienne, par instinct de conservation. Par haine de l'autre... Peut-être un peu de tout ça.

Peu importe, lorsque ceux-là décident de s'unifier sous la croix de Dieu pour purifier le monde de tout ce qu'ils ne considèrent pas comme pur. Tout ce qui n'est pas humain, tout ce qui n'est pas eux. Ceux-là qui se tournent vers ce qui était jadis un de leurs, et disent « tu es un monstre ». Puis le font brûler. Peut-on leur reprocher leur peur ? Non, elle est bien naturelle. Mais ça, c'est un argument que Piero n'entendre jamais. Toujours il leur en voudra, toujours, à travers les ères et les mémoires, il se rappellera d'une chose : ces gens doivent mourir, réduits en un tas de cendres fumantes au pied de leur autel d'hypocrisie.

C'était une nuit de nouvelle lune, lorsque c'est arrivé. L'astre ne brillait pas dans le ciel, les rues étaient baignées dans le sombre d'un soir fait de noir. Jusqu'à ce qu'une petite assemblée de formes finissent par faire son chemin, torches en main, illuminant le pavé de leur procession de brasiers. Sans un autre bruit que celui de leurs pas qui claquent contre le sol, ils approchent.

À l'horizon, le Domaine de Maria.

Sa luxueuse demeure, alors théâtre d'une rencontre entre une poignée de Vampires de la ville et ses environs. Des alliés, soit avérés, soit potentiels, des négociateurs et quelques simples dilettantes, chacun a sa raison d'être ici. Quelques goules, présentes aux côtés de leur Maîtres, des coupes de sang qui circulent parmi l'assemblée.

Aujourd'hui devaient se négocier les termes d'un partage du pouvoir sur Gênes et ses environs. En lieu et place de ça, il y aura le son de pas qui approchent depuis la cour intérieure, puis le fracas d'une porte défoncée.

S'en suivit le Chaos.

Chaos, lorsque les hommes armés se sont engouffrés dans l'ouverture, hurlant leurs foi et leurs insultes.
Chaos, lorsqu'un partie des goules s'est soudainement mise à attaquer leur Maîtres, la haine au visage.
Chaos, lorsque les Vampires ont répliqués de leurs moyens, malgré l'infériorité numérique. Malgré qu'ils aient eu cette sensation de faiblesse, lorsque les hommes d’Église ont commencés à entonner des prières.

Ils hurlent, ils massacrent, ils tranchent. Tous. La violence n'a ni queue, ni tête, ni limite ni fin. Elle est partout, elle est extrême, elle est désespérée. Ça et là, le rouge de vie coule à flot, les frénésies se déclarent en de sourds grondements. Chaos.

Chaos, alors que Maria ordonne à Piero de s'enfuir. Ce qu'il refuse dans un premier temps, jusqu'à ce qu'elle fixe son regard plus fermement dans le sien, puis qu'elle répète son ordre, d'une voix venue d'ailleurs. Celle qui commande le Don Vampirique avec elle. Il s'enfuit donc, contraint par l'obligation surnaturelle à obéir à sa Maîtresse. Il s'enfuit, lance un regard dans son dos. Voit le sang qui coule, qui gicle, qui tache, les corps qui tombent tantôt au sol lorsqu'il s'agit d'humains, tantôt en cendres lorsqu'un Vampire meurt.
Chaos, alors qu'il croise une dernière fois le regard de Maria, son visage fendu d'un sourire franc alors qu'une épée la transperce, puis qu'elle s'éteint en un nuage de mort.

Un hurlement dans la pénombre, plus fort que les autres tout autour.
Celui du Vénitien. Inhumain, bestial, ce cri de la Bête résonne dans sa gorge, puis s'en va, grondé si fort qu'il couvre le son des prières. Une impulsion, une vague qui se propage autour. Un temps plus tard, la peur s'était immiscée sur le visage des envahisseurs. Une peur démente, folle, irraisonnée et irraisonnable. Comme coupés de leur raison, les Inquisiteurs pataugent dans leur démence, incapables. Bien assez vite, les Vampires survivants, apparemment secoués par l'onde eux aussi mais moins affectés, achèvent de massacrer leurs agresseurs.

Chaos, puis calme. Calme morbide.

Silence de plomb, alors que murs, sol et plafond sont tous recouverts de cendres et grandes taches de sang, que les corps gisent au sol, nombreux, déformés, défigurés. En retrait, une forme prostrée sur elle même, immobile.

Raphaël - un ami Toréador de Maria – fait partie des premiers à reprendre leurs esprits. Il s'approchera de Piero, précautionneusement.

- ... Piero ? Est-ce que tu vas bien?

Le Vénitien lèvera un regard hagard vers lui. Sur son visage, non pas l'air dévasté d'il y a quelques secondes, mais une franche pointe d'interrogation.

- Mon Sire ? Qu'est... Qu'est-ce qu'il s'est passé ici?

Raphael fixera le Malkavien, un air circonspect sur son visage. Pas certain de comprendre, et pas sûr de le vouloir. Bien qu'il ait sa petite théorie.
Et il espère ne pas avoir raison.

***

Hélas, il avait raison.
Le soir même, Raphaël pris sur lui d'amener Piero en lieux sûr, dans un Refuge plus à l'écart en dehors de la ville. Il ignorera ses délires le long du chemin, lui répétant qu'ils en parleront demain.

Raphael n'est pas un idiot. Architecte de son vivant, il a continué son œuvre après l'étreinte et s'est rapidement lié d'amitié avec Maria, touché par la nature fragile qu'elle cache derrière ses airs de parfaite amante. Il n'est pas étranger aux divagations de l'esprit d'un Malkavien, et s'il ne peut prétendre les connaître sur le bout des doigts, il peut au moins dire avoir une longueur d'avance sur ses pairs lorsqu'il s'agit de comprendre les Fous.

Il a longtemps pu côtoyer Piero, et l'apprécier. Il lui a deviné la même nature fragile elle aussi cachée derrière une carapace de décontraction, de confiance en soi affichée, comme pour se convaincre. Mais il a assez vu le Vénitien succomber à ses travers pour deviner leur dénominateur commun : Piero délire pour s'enfuir. Lorsqu'il se perd dans les intrications de son esprit fou, c'est pour ne pas se confronter au difficile, au traumatisant. Alors la suite des mots de Piero, le lendemain et les autres jours... Il a vite eu fait de la comprendre.

Piero a oublié. Il a tout oublié. Et il ne veut pas se rappeler.
Le Toréador a essayé d'invoquer le nom de Maria. D'abord, la réaction a été un simple haussement d'épaule teinté d'une lueur étrange dans les yeux de du Malkavien. Puis il a insisté. Et la lueur s'est précisée. De la peur, mélangée à une couleur sourde. Si bien que Piero a finit par hurler encore une fois, plaquer les mains contre ses tempes et serrer fort, à s'en faire sauter le crâne. A répéter « Non », « c'est faux », « arrête », « elle est plus là » en boucle. Jusqu'à s'endormir. Et à son réveil, il ne se rappelle pas de ça. Recommence à agir comme l'Infant de Raphaël.

Oui, il a oublié, et ce dont il se rappelle, c'est de sa propre version où tout se passe mieux, tout est plus simple. Lorsque questionné, Piero dira s'appeler Dominique, parlera de son Étreinte ici à Gênes, alors qu'il était venu en vue d'une commande pour un client. Il parlera de ses parents, morts bien avant ça, et tout ce que l’Étreinte a eue de bon pour lui. Et quand on lui demandera son âge, il dira avoir trente ans.
Souvenirs plus doux, plus faciles. Une réalité factice, qui lui prête un vécu exempt de traumatismes.

Et pour ajouter à ça... Raphaël a toujours été trop altruiste pour son bien. Alors il a joué le jeu.
C'est comme ça qu'a débuté le cycle, que s'est terminé le premier tour d'une longue course aux siècles d’existence.

***

D'abord, ce fut Piero. Puis, sous la tutelle de Raphaël, il devint Dominique.
Plus tard, ce fut Victor. Puis Jacob, Ernst, Juan, et bien d'autre.

Le Malkavien aux mille noms et mille vies. Au gré de ses expériences, décennies et traumas, il a oublié, puis s'est rappelé une vie différente. A chaque fois, sa mémoire lui a imposée le statut de nouveau-né, persuadé de n'être qu'un néophyte de la société Caïnite à ses différents éveils. Il a eu de nombreux amis et fréquentations parmi les mortels, qu'il a inconsciemment abordé bien plus sereinement : plus facile de s'attacher, lorsqu'une voix murmure au coin de l'esprit que l'on aura pas à se rappeler de la mort de ces êtres chers.

Il a vu le cour de l'histoire de ces quatre derniers siècles, humaine comme Vampirique. Il a vu la Camarilla et le Sabbat influencer la face du monde dans l'ombre, se battre becs et ongles dans leurs luttes incessantes. Sans aucun doute a-t-il eu son rôle à jouer, en quelques occasions. Sans aucun doute certains ont-ils remis en doute sa nature, son âge. Sans jamais que ça n'apporte rien de bon.

Aujourd'hui, tout ça n'importe peu. Puisque aujourd'hui, Elias est dans le salon de son appartement modeste de Chicago, un crayon à la main, à griffonner des esquisses sur son carnet de dessin. Au dehors, la nuit est noire, sans lune, comme il y a bien longtemps jadis. La nuit est noire, mais la ville ne l'est pas : les lumières artificielles sont là, partout, omniprésentes, envahissantes. Il lance un vague regard vers le spectacle des voitures qui se suivent, plus bas prés de la fenêtre. Un soupir.

- Sallyyyy. 
- Quoiiiiii ? 
- … J'ai soif. 

Une voix féminine répond, puis rit doucement lorsqu'il réclame. Le bruit de pas vient perturber le rythme de la musique qui pulse depuis la radio perchée plus haut sur l'étagère prés de la télévision, et bien assez vite, Sally est là, perchée au-dessus d'un Elias affalé sur le canapé. Il la fixe.

- Je suis supposée en plus descendre jusqu'à toi et tendre le cou ? 
- C'est plus ou moins l'idée, oui. 

Un sourire malicieux sur son visage, le jeune homme lui répond ça, puis la fixe de ce regard tentateur auquel elle n'a jamais su dire non. Le même regard que lorsqu'ils se sont croisés à cette fête, et qu'Elias a demandée à ce qu'on la lui présente.

Doucement, Sally vient se poser à califourchon sur l'artiste paresseux, puis se penche vers lui. Un jeu de langues plus tard, les crocs d'Elias viennent trouver la peau vulnérable du cou dévoilé de la brune.

Mesdames et messieurs, Elias Lavander, Malkavian Anarch agé d'un total de trente années. Il n'a jamais connu son sire qui l'a vite laissé à son compte après l'Étreinte. Dessinateur au talent certain, il se fait un petit nom dans le milieu des Webcomics et chez quelques maisons d'édition célèbres. A ses côtés, Sally Ferguson, sa... Goule, entre autres choses.

Voilà qui il est. Ca, et rien de plus. Tout du moins, c'est ce qu'il aime se faire croire.


La Mascarade
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La Mascarade
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Jeu 15 Nov - 17:34

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